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Kaidara
Récit Initiatique Peul
Rapporté par Amadou Hampâté Bâ
Edité par Lilyan Kesteloot & Alfâ Ibrâhîm Sow

Classiques Africains. Paris. Julliard. 1969. 181 p.


       Table des matieres      

Kaydara — Strophes 345-375

Cili tati waayiraaɓe
Demburu pillii.
Fa loongal wonti jali-jali jalkitaare.
Ɓe njananaa wonde doobal 345
yo seeka aadi.
Ɓe kaɓɓi ɓe wellotooɓe ndewaa e yaadu.
Yo ndeen Hamtuudo lamndii noone haaynde
walaa fuu noon mo heerti lamndogal ngal.
Yo ɗoon ɓii henndu jaabii : 350
— « Yo nduu woni nawliroowala
jeyaangal ceene gotte.
Geno juunnoyb nduc daande,
nduc heɓa sooynoo to woɗɗi.
Nduc anndii leydi ndii ɗoo 355
wonanii en suudu yaaya.
Haɗoytaa nduc weeya seeɗa;
noon nduc waawaa juheede,
tarsiniinduc e peeye mawɗe. »
Yo ndeen doobal ne d jaabii heɓɓitii wiie 360
— « Min woni jeegoɓal ɗee maale leyɗe
yaamana-juuju, Kaydara sirru am jey,
goɗɗudo sanne kaa ɓalliiɗo Kaydar.
Ɓinngel Aada, aan koo haaka wella… »
Taton yugiraaɓe keddii terɗe baaɗe. 365
Ɓe keddii yaade laawol maɓɓe doonii.
Ɓe ngalaa ndiyam ngalaa fay nyaamdu njooɓii.
Sunu nder ɓernde annii ardoyii ɓe.
Mette wonkii jokki e maɓɓe maɓɓii.
Ta mallondiraaf mbiyaa ɗe potu 370
waasude nyaamri laataade
yo faaɗude nyaamle luttondiriig!
Taton giyiraaɓe njolbii ɗomɗi faa
so ittii koyɗe maayɗe waɗah.
Eɓe nder janta doobal seeka aadi. 375

Notes
a. L'accord est fait avec doobal qui est sous-entendu et non avec foondu que le pronom-sujet nduu reprend pourtant dans le même vers.
b. La forme complète est juut(i)noyi.
c. Retour à foondu avec qui l'accord se fait désormais.
d. Ou le.
e. Remarquer le changement de rythme avec le retour au style de la narration du conteur.
f. L'allongement final est dû à la post-position du sujet a.
g. Ou luutondirii.
h. hoyɗe muuɗum est sous-entendu.

A trois reprises, les amis
de Demburu recommencèrent.
Bientôt, leur faiblesse devint rire hilare.
Ils furent convaincus que l'outarde
était miraculeuse.
Ils résolurent de poursuivre leur chemin.
Alors Hamtudo demanda quel était ce mystère
sans pourtant s'adresser à quelqu'un de précis.
Et un sylphe répondit :
« C'est l'oiseau polygame
rivé aux plaines des nains.
Geno-l'Éternel lui allongea le cou
pour qu'il puisse voir au loin.
Il sait que cette terre
est notre maison maternelle.
Rien ne l'empêche de s'élever quelque peu dans l'air.
Rien non plus ne pourrait le surprendre.
Il se tient droit parmi les plaines immenses. »
Alors l'outarde réfléchit, répliqua et dit :
« Moi je suis le sixième symbole du pays
des génies-nains et mon secret appartient à Kaydara;
le lointain, le bien proche Kaydara.
Quant à toi, fils d'Adam, va ton chemin ».
Les trois amis restèrent consternés.
Ils se remirent en route et continuèrent leur marche.
Ils n'avaient ni provision d'eau, ni provision de vivres.
Désolation du cœur les précédait,
douleur de l'âme les suivait, les cernait.
Ne confonds pas et n'identifie pas
manquer de nourriture
et être sobre ; c'est différent !
Les trois amis avaient grand'faim et grand'soif
Où ils levaient leurs pieds, la mort plaçait les siens.
Ils en étaient à parler de l'outarde fantastique.