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Gilbert Vieillard
Note sur deux institutions propres aux populations peules
d'entre Niger et Tchad : le soro et le jeerewol.

Journal de la Société des africanistes. 1932. 2(1): 85-93


Chez beaucoup de peuples de l'Afrique soudanaise, la coutume veut que le garçon, arrivé à l'âge d'homme, montre sa force, son courage ou son endurance, dans des exercices qui varient selon les races. Chez les Noirs de langue haoussa et zerma par exemple, les jeunes gens luttent à bras le corps.
Ces coutumes prennent une grande importance dans la vie de l'individu et dans la vie du groupe. Elles tiennent du « rite de passage » et ont un caractère « sacré ». Souvent aussi elles tournent au sport, au divertissement, voire à l'exhibition de champions professionnels.
Les Fulɓe de l'Est, sous ce rapport comme sous beaucoup d'autres, se divisent en deux groupes : les Fulɓe proprement dits, qui ont le soro , et les Woɗaaɓe, qui ont le jeerewol.

I. — Le soro chez les Fulɓe

En quoi il consiste. — Le soro consiste à recevoir les coups de bâton d'un adversaire que l'on a provoqué à cette fin, coups que le patient doit « encaisser » sans broncher, et qu'il rendra à son tour lors d'une prochaine réunion. C'est un duel en deux reprises où les antagonistes doivent faire preuve, tour à tour, patient et bourreau, de courage et de résistance à la douleur.
Les règles du jeu diffèrent selon les lieux : c'est tantôt une bastonnade, donnée avec une trique de berger, en bois vert d'une sorte de saule, et réduite à trois coups très violents, mais espacés, sur le pectoral droit (Say, Dogo n'Doutchi, Tahoua), tantôt une flagellation avec des baguettes flexibles, sur les côtes et les flancs du sujet, qui tourne lentement sur lui-même (Zinder-Tessaoua).

Son domaine

Sous l'une ou l'autre de ces formes, j'ai constaté l'existence du soro dans le Torodi (Say), le Haréoua (Doutchi), l'Ader (Tahoua), le Damagaram (Zinder), et uniquement chez les Fulɓe.
La coutume, à ce que j'ai ouï dire, serait aussi en vigueur chez les Kourtey, qui sont de langue songhaï, mais d'origine peule. Elle existerait aussi chez les Fulɓe du Borgou, (Haut-Dahomey), d'après Marty, et chez les Fulɓe de l'Adamaoua (Yola) d'après Taylor, qui traduit soro par test of mankind. Louis Faivre, dans son roman nigérien de « Toum », met à Tessaoua une scène de soro.
Bref, il semble donc que le domaine du soro embrasse tous les Fulɓe orientaux, du Fleuve [du Niger] au Lac [Tchad] (mis à part les Wodaaɓe, comme nous le verrons). J'ignore ses limites à l'Ouest, chez les Fulɓe du Gourma (Liptâko, pays mossi ?). Il n'existe pas chez les Fulɓe du Sénégal, et naturellement pas chez les Toucouleurs, qui luttent à bras le corps (renseignement dû à M. le Gouverneur Gaden). Il serait intéressant d'en chercher les traces chez les tribus païennes ou à demi païennes (Pulli de Guinée, Foulankriaɓe du Maasina, etc.) dans le Soudan occidental.
Quoiqu'ayant assisté plusieurs fois au soro, et m'en étant maintes fois entretenu avec des Fulɓe de tout âge, je n'ai pas fait du sûro une étude méthodique. Et je ne crois pouvoir mieux faire que de traduire les récits d'un berger de Tahoua, Oumarou, qui, sur ce sujet, qui lui tenait au coeur, parlait d'abondance.
Impatience de l'enfant avant le soro. — L'enfant est d'abord petit ; il grandit peu à peu, jusqu'à ce qu'il ait passé bien des nuits 1. Il passe encore une saison des pluies, il dit à son père :
— Moi, je serai éprouvé 2.
Le père dit :
— Patiente, mon untel, tu n'as encore amassé que peu de nuitées 3, tu n'es pas en âge d'être éprouvé 4.
Il dit :
— C'est faux, j'en suis capable, nul ne peut m'en empêcher.
— Laisse que la saison des pluies soit finie, quand tu auras mis une culotte 5, alors tu subiras l'épreuve ; jusque-là je ne te permettrai pas.

La première culotte. — Un jour donc le père va lui acheter une culotte au marché, de cuir bien tanné aux gousses d'acacia, bien frottée de beurre, bien lavée au puits, taillée avec des oreilles 6. Et quand il revient du pâturage un soir, on la lui donne et il s'en revêt 7. Son père lui dit :
— Aujourd'hui, va où tu voudras 8, tu as mis ta première culotte, tu pourras aller à une prochaine assemblée; aujourd'hui, qui t'a vu a vu un homme 9 ! Tu peux affronter n'importe qui !
Un jour on fait une assemblée ; c'est une fille 10 qui a accouché, il va y avoir la fête de la purification du nouveau-né 11. Il dit :
— Sûr, j'irai, moi, nul ne m'en empêchera !
Il prévient son père qui lui dit :
— Va, où tu désires aller, à présent je ne te l'interdis pas.
Ses compagnons d'âge se sont préparés 12. Lui, on lui a acheté un pantalon d'étoffe. Il l'a essayé, il lui va bien, il l'a mis en réserve pour ce jour-là. Il passe chez ses camarades, ses amis :
— Partons ensemble pour la fête aujourd'hui, allons-y.
Ils se lèvent et prennent leurs affaires.
Il y a un autre garçon qui l'attend, un enfant de son age 13, qui lui dit :
— Nous nous éprouverons l'un l'autre.
Ils vont donc, avec leurs beaux pantalons, le petit demande à ses compagnons :
— Quand je serai là-bas, comment dirai-je, quand je serai là pour réciter 14.
— Tais-toi, lui dit-on, nous te montrerons.

Le soro

Première partie. — Quand ils arrivent, ses amis commencent à étendre les bras 15, ils entrent dans l'assemblée. Lui, le petit, tient son bâton, il ne sait encore ni l'extension des bras, ni la récitation 16, il est bien ennuyé. Quand ils se détachent du cercle des assistants, chacun le voyant s'écrie : « Bâton de ta mère 17 !, un novice est entré parmi nous ; un tel, lève-toi, donne un bon coup de bâton; frappé ou non ; ça ne fait rien ! Alors l'enfant va revêtir son petit camarade 18. Lui, il ne sait rien. Son aîné, ou son ami, lui dit :
— Dieu maudisse un tel ! Vrai ! tu n'es pas malin, lève-toi, frappe !
Deux fois il répond :
— Je refuse, jusqu'à trois fois.
On lui dit :
— Dieu te maudisse, Dieu t'enlève sa grâce 19 si on entend dire de toi que tu as eu peur d'un bébé 20, d'un novice.
Enfin il l'a ceint du pagne, il retrousse les plis de son pantalon, il va prendre son bâton, tandis que le patient est enduit de remède 21, il se dresse, et le frappe d'un fort coup. L'autre ne sait pas donner des saccades en arrière avec ses bras 22. Mais il reçoit le coup bravement 23, puis ils vont s'asseoir. D'autres leur succèdent, et la réunion se disperse.
Il rentre chez lui ; son père lui demande :
— Mon untel, tu es allé frapper ?
— J'ai frappé, répond le garçon, mais j'ai été faire un emprunt, je dois rendre 24.
On lui apporte à manger, il prend deux cuillerées, puis refuse le reste, ça ne passe pas, car il se souvient des coups de bâton à recevoir.
Chaque fois qu'il y pense, à ces coups de bâton-là 25, il n'est pas à son aise 26. Quand il dort, il en rêve, il songe qu'il est frappé. Le jour, s'il se couche un peu, il se réveille tout d'un coup, il entend le bruit d'un bâton , pourtant il n'a encore rien reçu, on lui a montré seulement. Le temps passe, il y pense toujours.

Magie pour affaiblir l'adversaire

Un jour qu'il passe un magicien vendeur d'amulettes 27, il se met en quête de la corde d'un arc à carder le coton 28 chez une femme enceinte, de sa première grossesse. Il la lui vole à son insu. Quand la femme revient prendre son coton : « Tiens, où est la corde de mon archet ? » L'enfant l'a chipée ! il l'apporte au magicien, qui y fait six nœuds. Il lui dit le nom de son adversaire. Le sorcier lui dit : « Va-t'en, va fourrer ça dans une fourmilière en fermant les yeux, laisse-la et reviens sans tourner, surtout, la tête. » — Ainsi fait-il, sans le dire à sa famille 29
Il ne pense qu'au prochain soro , son ami veut l'emmener faire la cour aux jeunes fillles 30 mais il refuse de coucher avec elles, comme son ami l'y invite; cela ne lui dit rien.

Les drogues pour s'endurcir

Il se souvient qu'il n'a bu aucune drogue. Il se dit : « Je vais demander à mon père quel est le remède du soro. »
— Demain, je te le dirai, lui dit son père.
Le matin ils vont, le père lui enseigne les herbes, les feuillages, les écorces et les racines du remède 31. Il déterre et cueille les ingrédients choisis.
— Bon, dit le père, mets à bouillir une petite marmite 32.
Lui n'y connaît rien, il obéit, il fait un feu avec des tiges de mil de l'an dernier, il met les racines dans un pot à deux « bouches », le met au feu. Çà cuit toute la journée, toute la nuit, ainsi pendant trois jours et trois nuits. L'eau fait de l'écume.
Ensuite il prend ce bouillon et en boit chaque matin de Dieu. Quand on apporte les repas, il refuse. Il boit seulement son remède, qui enfle dans son ventre. Ses yeux deviennent tout rouges, il ne parle plus à personne, son cœur s'endurcit 33. Quand ses amis viennent le voir, il ne leur répond pas, ou bien il les menace et les injurie. Il insulte même son père comme un homme de rien. Tous ceux qui approchent, il leur dit :
— Va-t'en, je te frapperai dur, gare ! 34

Le soro. La revanche

Enfin un jour on entend dire qu'une réunion va avoir lieu. Il est saturé de drogue, il dit :
— Père, je vais aller payer ma dette 35.
Il envoie quelqu'un prévenir le jeune homme, celui qui le cherche 36. Son père l'accompagne un peu, et le quitte en disant :
— A bientôt, que Dieu te ramène.
Les jeunes gens s'en vont, ils sont joyeux 37. Lui, avant, il avait peur, maintenant toute crainte l'a quitté.
Ils trouvent la réunion nombreuse; ils sont tant, qu'ils sont trop; voilà nos jeunes gens au milieu du cercle, ils sont quatre, ils sont à réciter 38. Les autres s'exclament :
— Ces gars-là 39, d'où sortent-ils ? Voyez donc ce petit. C'est celui qu'un tel cherche. Jamais il ne pourra lui résister ! C'est un rien du tout 40. Si un tel le frappe une seule fois 41, il va tomber !
D'autres disent :
— Mensonge, n'est-ce pas un vrai fils de Pullo 41 ! Il prendra ses coups de bâton.
— Lui, il est fils de qui ? 42
— C'est le fils d'un tel.
— Eh, vous autres, il est tout à fait capable !
Alors ils ont fini leurs déclarations. Ils s'accroupissent et attendent. L'adversaire vient et dit :
— Salut 43.
— Salut 43b.
— Comment ça marche, je vais te ceindre, ou attendrai-je à demain ?
— Je veux te rendre le soro aujourd'hui.
Ses amis donc le préparent, le ceignent et enduisent sa poitrine de bouse de vache :
— Je vais frapper dur.
Mais le, fils de Pullo est comme s'il n'avait pas été frappé ; il fait le dédaigneux. Maintenant il a payé, sa dette à l'autre, ils font amitié 44. Si l'autre n'a pas de vache, il lui en donne ; si c'est lui qui n'en a pas, l'autre lui en donne, c'est ainsi qu'ils font la paix 45.

L'association d'âge et le soro

Quand le garçon subit l'épreuve du premier coup de bâton, les filles sont là. Il les regarde . [« Quand je regarde mon amie, je n'ai peur de rien 46 »].
Quand il a reçu le second coup, alors son cousin 47 arrive à lui et dit :
— Dieu épargne un tel ; tu as payé le bélier de ton baptême 48 ».

La famille et le soro

Son oncle maternel dit :
— Mon un tel, je te donne une génisse 49.
Et tout ce qui se donne de cette façon. Son père alors, s'il est présent, lui dit :
— Je te donne une vache 48b.
Son aîné dit :
— Je te donne une vache aussi 50 ».
L'amie du jeune homme détache son collier de son cou, et avec son beau pagne essuie la sueur de son visage, puis elle lui pose le collier sur la tête 51. Ensuite elle s'en va. La reine 52 des filles, vient elle aussi lui caresser le visage et le complimenter. Samri 53 vient aussi, et les suivantes de la « reine » 54. Chacune lui donne un collier. Puis les filles se groupent en face de lui. On dit : « Enduisez-le de remède. » — Approche, donne le troisième coup. Je viens vers toi », dit l'homme au bâton. Il brandit son arme, la balance, vise avec soin, et frappe… Korom!!? 55 Louange à Dieu ! il pensait bien (qu'il résisterait) Dieu est le Seigneur 56.
Le patient secoue les bras par saccades 57 et dit :
— Nos anciens, n'est-ce pas ainsi qu'on fait 58 ?
— C'est ainsi, répondent les anciens.
Les assistants disent :
— Fodde vey ! 59, il a reçu le bâton, il a reçu les bâtons ! Il a hérité de son père, comme avait fait son aîné ; leur race 60, le bâton ne leur fait rien ! même s'il est aussi gros qu'Adial (?) ; son père, le jour où il s'est levé dans le monde, nul ne s'y frottait : où qu'il aille faire paître, personne n'osait l'attaquer! Son père, il plantait son bâton au milieu du cercle 61 !
Ensuite le patient dit qu'on lui donne un coup en l'honneur de Lamé la reine, et de Sendio 62 et de Gellengi, et de Samri, et un en l'honneur du chef du pays, mais on dit.
— Viens seulement qu'on te déséquipe 63.
— Mais non, passons la soirée ici. N'est-ce pas ainsi qu'on fait ?
Enfin, après s'être fait longtemps prier, il avance un pied, lentement, lentement 64, puis l'autre, il quitte la place. On lui retire ses pagnes, on les met à terre, et il les enjambe; ceci trois fois en avant puis en arrière 65.
Après chaque coup, les flûtistes qui sont là jouent un air de flûte, et après la cérémonie ils continuent à jouer en l'honneur du vainqueur 66.
L'ancien de la famille amène un taureau, qui est égorgé, et dont la viande rôtie en brochettes, est partagée entre les compagnons d'âge du patient, sous la présidence du Samri chef de l'association. La viande des reins 67 est pour les jeunes hommes ; il faut que chaque membre de la famille ait sa part, morceau par morceau. Puis l'assemblée se disperse 68.

Le Gerewol , Gere’ol des Woɗaaɓe

Le soro, la bastonnade propre aux Fulɓe Ndowi'en, est complètement inconnu des Woɗaaɓe, nomades de langue peule, pasteurs de brousse qui ont peut-être mieux conservé le type physique et moral du Pullo.
Ces Woɗaaɓe se rencontrent d'ailleurs dans les mêmes régions que les Ndowi'en : Kourfey, Maouri, Ader, Damagaram, Gober. Ils sont surtout nombreux dans cette dernière région (Maradi-Tessaoua). D'autres atteignent et dépassent le Tchad. Dans l'Ouest on trouve des Woɗaaɓe jusqu'au Ferlo sénégalais, voire aux portes de Saint-Louis, mais mes observations ne portent que sur ceux des pays haoussa, oùils sont souvent appelés : Bororooje.
Chez eux, le concours d'endurance aux coups est remplacé par « un concours de beauté ». L'occasion de la réunion, est comme chez les Fulɓe, la fête donnée en l'honneur d'un premier-né, qui a lieu, non pas sept jours après la naissance, mais souvent plusieurs mois après, généralement en saison sèche, quand les pasteurs sont de retour des pâturages du Nord 69.
Garçons et filles ramassent du bois sec et l'entassent en un énorme bûcher auquel on met le feu à la nuit. le feu est allumé à l'Ouest du campement, devant un espace battu et jonché d'herbe sèche où s'asseoient les anciens. Les garçons se groupent d'un côté, les filles de l'autre. Et le reste de la tribu ferme le cercle.
Les garçons se sont parés d'une façon étrange et sauvage. Leur corps est enduit, ainsi que le visage, de terre rouge et de beurre, les lèvres sont noircies. La coiffure tressée est surmontée de plumes d'autruche et prolongée sur la nuque par une barbe de bélier. Une ceinture de cuir et de cauries leur ceint la taille, par-dessus le pagne de cuir noir. Colliers au cou, bracelets au poignet et à la saignée du bras, anneaux de cheville munis de grelots. Les bijoux de cuivre, de fer et de verroterie abondent. Enfin ainsi attifés, les garçons tiennent dans la main droite un bâton muni d'une crosse de fer 70. Ils se rangent en ligne et commencent une sorte de danse, tout en jouant et en jonglant avec leurs crosses. Ils battent du pied en cadence et poussent des cris que l'on peut rendre par : hirrri, crr ! hirrri, crr! Et ceci dure très longtemps.
Les anciens choisissent parmi les filles deux « des plus jolies et des mieux nées », et celles-ci sont chargées de désigner à leur tour les garçons qui leur paraissent « les meilleurs ». « Surtout qu'elles ne choisissent pas quelqu'un qui ne soit pas de bonne race, quelque bâtard de captive, ni qui ait un gros ventre, qu'elles ne suivent pas non plus leurs préférences personnelles. » Chaque fille choisit donc un des garçons, qu'elle désigne avec une hachette qu'on lui remet pour cela. Il y a donc deux vainqueurs, ou un seul, si le choix des deux jeunes filles tombe sur le même 71.

J'ai peu de détails précis sur ces fêtes du gere’ol, et j'ai peu de choses à ajouter. Je n'y ai pas assisté et les Woɗaaɓee n'aiment pas beaucoup raconter leurs coutumes. Quant aux Fulɓe des autres groupes ils tiennent les Woɗaaɓee pour des païens abominables. Par le gere’ol, disent-ils, « les filles désignent leurs amants publiquement ». Et d'ailleurs les Wodâbe avouent qu'après la fête chaque fille va passer le reste de la nuit avec son préféré.

Les deux groupes de langue peule des pays haoussa ont donc chacun un divertissement national différent, qui mériterait d'être étudié par des observateurs documentés. Ces notes, si insuflisantes qu'elles soient, permettent de poser quelques questions :

Notes
1. O waala balɗe : les Fulɓe comptent le temps par nuits.
2. Min, mi sorɗete.
3. Ɗum, ɓalkon a nakkata, mot-à-mot « de petites nuits ». 4. A fotay soreego.
5. Le petit Pullo est tout nu, ou porte un cache-sexe.
6. Noppi. Ce sont des lanières qui brimballent élégamment sur les jambes.
7. O tunɗi ngo.
8. Fecci to peccuɗa, yi'u ko yiɗɗa fu!
9. Koowa y'ii ma, yii dottiɗo.
10. Cette fête se nomme lamru, c.-à-d. purification à Say ; ’inde'el, c.-à-d. le petit nom, à Zinder ; on dit aussi buki, qui est le mot haoussa. Elle a lieu chez les musulmans, sept jours après la naissance. A Zinder ou dit, pour un premier-né : humturu, le dénouement.
11. Walɗeeɓe.
12. Une fille, surbâdo, désigne celle qui n'a pas encore enfanté non la vierge. Après ce premier accouchement, elle devient Kabo debbo ; après deux accouchements, c'est la yeriiɗo, yeraaɗo ou yeyaaɗo, la matrone.
13. Potayɗo e makko.
14. Mi mantito. Se dit de la récitation de formules de défi par lesquelles les jeunes gens annoncent leur intention de montrer leur courage.
15. Ɗefti juuɗe, les doigts, étant joints, sont reliés par une sorte de gantelet sur lequel est cousu un morceau de fer orné d'anneaux, de fer également. Cette sorte de sistre se nomme sasa ragabiɗe. Les mains ainsi réunies sont projetées en arrière, les bras formant un angle droit avec le dos du patient ! Ce mouvement demande des articulations assouplies par des exercices fréquents ; il fait bomber la poitrine du patient, qui, les yeux fixes et brillants, donne des saccades, luɗɗutugo, de ses mains liées, pour faire tinter le sistre qui y est attaché
16. Kanko wayna mantitago, cf. note 8 supra.
17. Leggal yey ! Ce juron est un euphémisme.
18. O tundonowi mo.
19. Alla ’ittu barki ma.
20. Nooro, petit enfant, des deux sexes.
21. mâgani, c'est le mot haoussa : un mélange d'herbes bouillies, ou simplement de la bouse de vache.
22. Cf. note 3: lujjutugo.
23. Geetum, geeto, un homme bon et brave = bonus ; yerre, une bonne chose, un service.
24. Mi ’addoy nyamaande, c.-à-d. qu'il a donné la bastonnade à son adversaire, et que la prochaine fois il doit la subir de sa main.
25. Mot-à-mot à ces bâtons : ’abbi ɗin.
26. Yonki makko nan'taa belɗum.
27. Bokaɗo. Boka (haoussa), pl. boka'en.
28. Pittorgal — peut-être magie sympathique. Son adversaire sera aussi troublé que la femme qui s'aperçoit du vol.
29. Souvent aussi, il faut prendre un peu de terre dans l'empreinte du pied de l'adversaire, et mettre cette terre dans un sachet cousu et fixé au bras. Ce procédé classique s'emploie aussi à l'égard du lion, mais en ce cas-on met la terre dans le manche d'une hachette, à l'endroit du fer.
30. Surbaaɓe, sing. suràbaajo, désigne une fille ou une femme qui n'a pas encore enfanté, mais non point une vierge — peut-être une retraite de continence.
31. Les recettes varient un peu : c'est une décoction très amère où il entre des racines de malgahi (cassia fistula), des graines de tuppere, des racines de gumomi, dont le bois fait également les bâtons du soro, etc.
32. Yongu payngel.
33. Mot-à-mot : reedu ɓawli : son ventre noircit.
34. Mi rewnete yey!
35. Mi yahay Peai waɗtoy.
36. Hitiire makko lefayje mo.
37. Ɓe ngaɗi ka welweltugo.
38. Mantitago.
39. Kitiije ɗe.
40. O ko sukki — idiotisme, ex. : Ko cukkuɗa?
41. Kul wane rewni'um ɗu worru.
42. Wana’ um ɓi Pullo?
43. ’Um ɓi moy?
44. Foomaa: réponse ; en giɗo, salutation courante.
44b .Idem.
45. Ɓe ki gooti tan.
46. Kam non amana.
46. Surbaaɗo ’am, c.-à-d. la maîtresse du garçon.
47. Denɗiko.
48. Alla dal wane; a bi’ike -jawjri ’inderi ma : ce qui semble impliquer que l'épreuve du Soro est bien une sorte de rachat mystique.
4949b. Mi sukki ma ɓi-nagge — cukuki ou cukugo, le fait de donner ainsi un animal en toute propriété, lui et son fruit. Cette donation est à distinguer d'un autre contrat, où la vache est confiée, haɓɓana'e à un ami ou à un parent, les produits des quatre ou cinq premières vélées appartenant au parent; ensuite la vache fait retour au premier posesseur. Nagge susuke ou sukke.
50. Sukkugo, ho minyo inna ɓuri juɗgo: le cas le plus fréquent, c'est de la part du frère cadet de la mère. ciire goo, ho e soro, ho meere me're: quelquefois c'est à l'occasion du soro, quelquefois pour rien.
51. O yowana hitiire e hoore. Ailleurs on leur met de l'argent, des bagues, dans la bouche. Ces colliers sont ou des verroteries, ou des perles dime, de jaspe et d'agate.
52. Laame surbaaɓe, — ou simplement Lame — c'est la reine de l'association d'âge des jeunes filles. Samri [mot sans doute haoussa, sarmari pl. samari] est son équivalent chez les garçons ; l'une et l'autre ont des dignitaires, leurs ministres.
53. Voir note 47 supra.
54. Tokkuɓe Laame.
55. E maa pahmi.
56. L'exécuteur est à la droite et en avant du patient. Il y a quelquefois des accidents. Des adversaires sont surexcités et d'ailleurs drogués (voir ci-dessus), le patient doit garder un sourire d'extase, sinon il est disqualifié, et pour toute sa vie. J'ai connu un homme de quarante ans que l'on montrait du doigt pour avoir montré de la couardise au soro, vingt ans auparavant (Say).
57. Alla laamiiɗo.
58. O tippi juuɗe, o lujjiti : il secoue les sasa ragabiɗe.
59. Mawɓe amen, na wana ni ɗum watta ?
60. Juron sexuel : clitoris de mère.
61. ’Iri maɓɓe.
62. Disa sawru nder filiire : et nul n'usait l'arracher, pour montrer qu'il acceptait le défi ; de même les champions professionnels de soro ont une petite bourse ornée de perles, de cauries, de lanières de cuir, nommée ziziyo, qu'ils jettent dans l'arène, et le fait de la ramasser est une provocation, « on relève le gant ».
63. Sorte de premier ministre, — dan galadima, — de la Reine.
64. War ni tunjiteɗa, l'enfant qui a subi l'épreuve est grisé par son succès, mais ses vantardises sont gratuites, la coutume n'exige que trois coups.
65. Cette marche lente ou la retrouve dans d'autres cérémonies, par exemple lors de l'entrée de l'épousée dans la case nuptiale.
66. Cet enjambement rituel du pagne est-il le symbole du passage à un état nouveau, quelque chose de même ordre que la toge virile du Romain ?
67. Ces joueurs, pufoo, pl. fufooɓe, se rencontrent à Tahoua, Sokkoto. Dans l'Est ils sont remplacés par des tambourinaires.
68. Biyol.
69. Cette communion, ce repas rituel dont la viande du taureau est l'objet, a des règles précises : chaque classe d'âge et chaque sexe ont droit à une partie déterminée de l'animal.
70. La fête comporte le sacrifice de deux taureaux, offert par les grands-pères, maternel et paternel, du nouveau-né, et le partage rituel de la viande. On boit aussi beaucoup de lait, « au point de s'enivrer ».
71. Ce bâton, cette « hachette » jambel, se nomme : ɓaramdamiwel.
72. Pour celui sur lequel tombe le choix de la première fille, on dit : wâne sekoy, pour le second : wane siroyake. Si les choix tombent sur le même: wane nyaami-nyamdi.
73. Le Poular, par H. Gaden, étude morphologique, p. 51.