Bruno A. Chavane
Villages de l'ancien Tekrour.
Recherches archéologiques dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal.

Paris. Karthala. 1985. 188 p.


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Préface

Cet ouvrage est né de la rencontre de deux passions, celle d'un pays, le Sénégal où Bruno Chavane vécut de nombreuses années, celle de l'Archéologie qui le gagna rapidement alors que sa formation universitaire originelle en était fort éloignée. Il est issu d'une thèse de recherche présentée devant l'université de Provence en 1980.

Avec l'enthousiasme des néophytes, mais en sachant raison garder, B. Chavane consacra tout son temps libre et ses moyens personnels à une recherche jusqu'alors négligée, celle des habitats anciens de la moyenne vallée du Sénégal, sites nombreux dont beaucoup étaient, certes, connus mai s dont bien peu avaient fait l'objet d'une véritable recherche archéologique moderne. Ces habitats des premiers métallurgistes dâge historique, bien que livrant un matériel apparemment banal, étaient pourtant riches d'informations; encore fallait-il savoir et pouvoir exploiter cette documentation. L'auteur constitua de toutes pièces une méthode person nelle, confrontant les données de la tradition orale, les sources écrites et bien évidemment des résultats de ses propres fouilles et sondages.

Evitant le piège dans lequel tombe trop souvent « l'éthno-histoire » afficaniste, l'auteur ne se laisse pas engluer par les mirages de la tradition orale dont personne ne songe à nier l'intérêt à condition de l'interpréter, de faire lapart de l'événement historique, de la légende du groupe intéressé et parfois de l'apport personnel ou familial du narrateur. Avec les récits arabes dEl-Bekri ou d'Idrissi, on se trouve sur un terrain à peine plus solide, mais ils apportent peu sur le Tekrour, objet de l'étude. La primauté de l'archéologie demeure donc évidente. Le lecteur appréciera la méthode suivie par B. Chavane. Il notera son souci constant d'établir une ligne d'interrogation que d'autres nommeraient une problématique, puisque le mot est à la mode, et de ne pas se laisser conduire par la fouille : quelques sondages judicieusement implantés apportent parfois plus que d'énormes dégagements. L'exploitation des travaux effectués à Ogo, avec de bien faibles moyens, peut être citée en exemple.

Mais le principal mérite de B. Chavane est d'avoir su s'entourer de solides soutiens scientifiques; sans eux il n'aurait pu, précisément, exploiter avec autant de bonheur les résultats de ses fouilles d'Ogo. Appliquant à la recherche d'âge historique les méthodes et la coopération scientifique indispensables qui ont fait leur preuve dans la recherche préhistorique qui est pluridisciplinaire ou qui n'est rien, B. Chavane ouvre une vote difficile, certes, mais combien passionnante.

G. Camps
Directeur du Laboratoire d'anthropologie et de préhistoire des pays de la Méditerranée occidentale. Université de Provence, Aix-en-Provence.