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Layteere Koodal e Lootori
L'éclat de la grande étoile
suivi du Bain rituel
Récits Initiatiques Fulɓe de Amadou Hampâté Bâ

Edité par Lilyan Kesteloot, Amadou Hampâté Bâ, Christiane Seydou, et Alfâ Ibrâhîm Sow
Collection Classiques Africains. Paris. Armand Colin. 1974. 149 p.


       Table des matieres      

Layteere Koodal — Strophes 633-667

tawtoreede maammaa a ana wuurta!
Mamma maaɗa Hammadi ana warta;
ko wartiroyta faa Kaaydara janngina 635
sirri mawɗo dame jeenay gonɗe
e terde biɓɓe Aadama omtaaɗe.
Njehen suudu maammaa a iroyaa too;
udditaa ndu, uroyaa faa uura ».
Ƴeewi ƴeewti Joom-Jeeri fa wemmbaa. 640
O wiyani Baagumaawel: « Hono ngattaa,
maayɗo ngartiraa ɗum ley duniya?»
Junngo Baagumaawel waɗi uddi,
muɓɓi teeŋi hunnduko Joom-Jeeri
wii mo : « Deƴƴu, wati yottin lamndi. 645
Accu haala, huuwu ko mbii-maa-mi;
waɗu e Laamɗo doomaa pati keppaa ».
Yaawni yaade faa yottii suudu,
suudu nduu ɗo maammuudum b iroyaa.
Damal omtii hinnii ana irta, 650
ndee yanaande maammum b iroyaa e muni,
hono no Baagumaawel tinndinirnoo;
mo tawoyi terɗe Hammadi ana kiɓɓi,
walaa fini ko nyoli maa duu sicci;
comci makko irdaa seekaaki; 655
kala na uura, kala kesi waɗi pul pul.
Keme silaamu jeegom faa njowni
sappo sappo cili joy kam e lewru
ɗum mo waalii ley leydi so irtaa.
Yalla hoyɗu? heddli ana lamndoo 660
hoore muni lamndii Joom-Jeeri;
mo miilu lamndi makko mo haalaali.
Nde mo tilii miilde tan mo nani sawtu:
« A hoyɗoyaali fey koo Joom-Jeeri!
Maami maaɗa Hammadi ana wuurta, 665
warta wonta hono wonnoo keenyen ».
Ɗon nii leydi yerboyi faa juuti.
assister à la résurrection de ton aïeul;
ton aïeul, Hammadi, va revenir;
s'il revient, c'est pour que Kaydara l'initie
au grand seɗet des neuf portes qui se trouvent
sur le corps des fils d'Adam, ouvertes.
Allons à la maison où fut enseveli ton aïeul
tu l'ouvriras et y brûleras de l'encens afin qu'elle embaume! »
Joom-Jeeri regarda et encore regarda, à s'en étourdir.
Il s'adressa à Baagumaawel : « Comment feras-tu
pour faire revenir un mort en ce monde? »
De sa main, Baagumaawel ferma
— en l'y appliquant fermement — la bouche de Joom-Jeeri.
Il lui dit : « Tais-toi, n'achève point ta question.
Laisse les mots et fais ce que je t'ai dit ;
remets-t-en à Dieu et attends sans impatience. »
il 1 partit en hâte, atteignit bientôt la maison,
la maison où était iŋumé son aïeul.
Il ouvrit la porte et se mit en devoir d'ôter la terre
de la tombe où était iŋumé son grand-père.
Il agit ainsi suivant les indications de Baagumaawel.
Il trouva le corps de Hammadi intact 2,
nulle pourriture, nulle pestilence ;
les linges avec lui ensevelis n'étaient point déchirés ;
tout était parfumé, tout était parfaitement neuf ;
six centaines s'ajoutant
à cinq fois dix et un mois
tel était le temps qu'il passa en terre avant d'en être sorti.
« Rêves-tu ? » restait-il à se demander.
En lui-même s'interrogeait Joom-Jeeri ;
il s'interrogeait en pensée mais sans rien dire.
Sa songerie n'était pas plutôt achevée qu'il ouït une voix
« Tu n'as pas du tout rêvé, ô Joom-Jeeri !
Ton grand-père Hammadi va revivre;
il reviendra et redeviendra tel qu'il était jadis. »
Lors, la terre longuement frémit;
Notes
a. La séquence nominale maama maa est ainsi orthographiée, l'élision rythmique du -a final du substantif maama ayant annulé l'existence autonome de ce dernier. Comparer avec mamma maaɗa du vers 634.
b. Il s'agit de maama muuɗum et de maama mum ainsi orthographiés pour les raisons données plus haut (note sur les vers 633 et 638). Comparer avec maami maaɗa au vers 650.
Notes
1. Il = Joom-Jeeri.
2. Il y a, ici, une influence musulmane; chaque fois qu'on ouvre une tombe et qu'on rouve un corps intact, on dit que la personne est sainte.